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Drive4Less, deux ans après sa création – interview avec Paolo Piffaretti

Aujourd’hui on situe le coût moyen d’un permis de conduire en Suisse (de l’examen théorique à l’examen pratique) à environ CHF 3’200.-. Pour beaucoup de personnes ce prix exorbitant est une raison suffisante pour ne plus passer le permis. C’est justement dans l’optique de faire changer cela que la startup suisse Drive4Less a vu le jour en 2015. Très vite, le projet novateur de Drive4Less eu l’effet d’une bombe dans ce marché que certains n’hésitent pas à qualifier de cartel. Deux ans après sa création, STARTUPS.CH fait le point avec Paolo Piffaretti, un des deux fondateurs de Drive4Less. Découvrez comment cette startup a su faire face aux poursuites engagées par certaines auto-écoles et profitez des conseils avisés de ce jeune entrepreneur.


(Photo: de gauche à droite: Tobias Bienz et Paolo Piffaretti / Source: Drive4Less)

Monsieur Piffaretti, vous avez créé en 2015 avec monsieur Tobias Bienz la startup « Drive4Less » qui a fait énormément parler d’elle dans toute la Suisse. Pouvez-vous nous présenter votre startup en quelques mots pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore ?

Drive4Less est une plateforme qui a pour but de permettre à des élèves conducteurs de pouvoir s’exercer à la conduite en compagnie d’accompagnateurs privés et cela pour des montants plus qu’abordables. Les élèves participent uniquement aux frais engendrés pour les heures passées avec l’accompagnateur. Nous souhaitons donc donner la possibilité à chacun de pouvoir passer son permis de conduire sans se ruiner et de mettre en avant surtout la pratique avant toute chose.

 

Depuis sa création, drive4less attira les foudres de nombreuses personnes du milieu des auto-écoles. Pouvez-vous nous expliquer comment tout cela a commencé ?

Comme je l’ai dit avant, Drive4Less s’attaque à un marché établi et bien rodé. Beaucoup de gens ont vu d’un très mauvais œil cette concurrence qu’ils ont jugée déloyale. C’est pourquoi une plainte a rapidement été déposée contre nous. Bien que nous ayons tenté de discuter et de négocier avec ces personnes, aucun dialogue n’a pu être trouvé, ils nous ont directement posé un ultimatum. Le fait que l’on s’attaque à un tel marché nous projeta rapidement sous les projecteurs. Nous sommes apparus en tout 25 fois dans la presse helvétique. Il s’agit là d’une énorme performance pour une startup suisse.

 

Quelle a été votre première réaction, à vous et à votre partenaire, lorsque vous avez appris que certaines personnes souhaitaient engager des poursuites contre votre startup ?

Au moment de la première plainte je me trouvais en période d’examens, je n’avais donc pas vraiment beaucoup de temps à consacrer à Drive4Less et à cette histoire de poursuite. Pour moi et Tobias ce fut donc tout de suite un grand choc et un énorme stress. En plus de ça, nous n’avions pas de fonds et nous nous demandions vraiment comment est-ce que nous allions pouvoir nous en sortir avec une telle plainte.
Une fois le choc passé, nous avons en premier lieu tout de suite consulté notre network. Heureusement, une de nos connaissances a très vite réagi et nous a mis en relation avec un avocat afin de nous communiquer la bonne marche à suivre.

 

Étiez-vous préparés à devoir faire face à une autant grande résistance ? Est-ce que vous vous y attendiez ?

Nous pensions évidemment avoir quelques problèmes avec les professeurs d’auto-école cependant nous pensions qu’avec le temps nous arriverions à établir une certaine communication et éviter le pire.

 

Certaines personnes qualifient ce marché de cartel. Vous qui le côtoyez de près, est-ce que cette définition vous semble juste ?

Appelez-ça comment vous le souhaitez (rires) ! Pour ma part, je dirais tout simplement qu’il s’agit plutôt d’une sorte de grosse fédération qui émet des principes et des règles bien précis pour son marché.

 

Avez-vous envisagé à un moment donné de  jeter l’éponge et de tout abandonner ? Et pourquoi ?

Jamais ! D’une part car nous sommes certains d’être dans la légalité. D’une autre part car nous croyons en notre projet et nous souhaitions faire changer les choses.

 

À la base, le but premier de Drive4Less était de faire du profit ou de juste faire bouger les choses?

Peut-être que cela sonne un peu utopique, mais nous voulions avant tout faire bouger les choses. Quand on sait ce qu’un élève conducteur doit payer à l’heure actuelle en Suisse pour pouvoir avoir son permis c’est juste aberrant. Quel jeune de 18 ans peut se permettre de dépenser autant d’argent pour une chose qui est quasiment devenue un droit fondamental dans notre société ? On ne trouvait pas logique et pas juste que quelqu’un doive payer autant pour une chose de normale. C’était ça notre but primaire et notre motivation !

 

Si drive4less survit à ces tumultes quels seront vos plans pour le futur ? Statu quo ou expansion ?

Si nous arrivons à survivre à cette période, nous envisageons de nous attaquer aux marchés des pays voisins car la Suisse n’est pas une exception. La situation est quasiment la même partout en Europe.

 

Pensez-vous qu’une expansion à l’étranger est donc envisageable ?

Oui ! Mais très ardue.

 

Maintenant pourriez-vous donner quelques conseils aux jeunes entrepreneurs qui pourraient être confrontés à une situation identique à la vôtre ? Comment faut-il procéder ? À quoi faut-il faire attention ?

Premièrement, ils doivent se construire un puissant et solide network. C’est primordial de savoir vers qui se tourner si les choses tournent mal, d’avoir des personnes qui puissent tout de suite vous venir en aide. Ces personnes doivent dans l’idéale ne pas faire partie de l’entreprise, cela permet d’analyser les choses de manière rationnelle.

Deuxièmement, il faut anticiper ce genre de choses lors de la confection du businessplan.

Troisièmement, il est important de savoir garder la tête froide et de ne pas se laisser intimider par la situation et cela même si il s’agit d’une grosse boite mondialement connue qui s’attaque à vous. Ce n’est pas parce que quelqu’un a de l’argent et de l’influence qu’il est forcément dans ses droits.

Quatrièmement, il faut pouvoir croire en son produit et être convaincu de ce que l’on fait.

Pour finir je dirais qu’il est important de chercher le dialogue, d’essayer de trouver un terrain d’entente plutôt que de communiquer par avocats interposés.

 

Avec cette histoire, on a beaucoup parlé de Drive4Less dans les médias, au-delà des critiques avez-vous pu aussi tirer profit de ce coup de projecteur? Si oui dans quelle mesure ?

Je dis souvent qu’il n’y a pas de mauvaise presse (rires) ! Pour répondre sérieusement à votre question, je dirais que durant cette affaire il n’y a que le quotidien LeMatin qui nous a fait un peu de tort. En effet, il a prétendu de manière totalement infondée et à tort que les membres de Drive4Less risqueraient une amende de plus de 10’000 CHF et même une peine de prison. Cet article a eu des effets très négatifs pour notre entreprise et notre image.
Cependant, nous avons aussi pu tirer profit de cette notoriété. Nous avons en effet profité de cela pour communiquer avec nos groupes cibles et pour faire passer notre message au grand public. Grâce à tout ça nous sommes devenus rapidement très connus dans toute la Suisse.

Personnellement, j’ai également profité de cette expérience pour briser la glace qui me séparait du monde professionnel. J’ai pu me fonder une certaine réputation, rencontrer des personnes importantes et me créer un network.

 

J’ai entendu dire que vous aviez passé votre permis de conduire l’année passée. Comment cela s’est-il passé ? Est-ce que l’instructeur savait qui vous étiez ?

Pour être tout à fait honnête, j’avais très peur qu’il me reconnaisse. C’est pourquoi je n’ai rien dit à mon sujet et que je me suis présenté qu’avec mon prénom. Si je l’avais pu, je crois que je me serais rendu à l’examen en mode incognito avec un gros imperméable, un chapeau et des lunettes noires. Finalement, il ne m’a pas reconnu et tout s’est très bien passé.

 

En plus de diriger la startup Drive4Less, vous êtes également étudiant à l’université de St. Gall. Comment faites-vous pour concilier les deux ? Etiez-vous prêt à laisser tomber les études pour vous concentrer à 100% sur votre startup ?

Jamais ! La Suisse n’est pas comme les USA. Ici les études sont très très importantes dans la société et même dans le monde des startups. Aux USA, si vous n’avez pas fait d’études mais que vous avez une bonne idée vous pouvez aller très loin. En Suisse, les études sont un pré-requis, sans elles il est extrêmement difficile d’aller loin. En ce qui me concerne, je souhaitais relever ce challenge de concilier les deux et à présent je peux dire que j’ai relevé ce défis haut la main.

 

Avez-vous actuellement des projets autres que Drive4Less ? Ou est-ce que vous souhaitez à présent vous concentrer uniquement sur vos études ?

En plus de Drive4Less, je suis membre fondateur de cofoundme. Cela me prend aussi pas mal de temps. Je vais donc continuer à jongler entre mes activités professionnelles et les études. Je suis convaincu que cette alternance entre théorie et pratique est essentielle

 

Pour finir, pouvez-vous donner quelques conseils primordiaux aux personnes souhaitant se lancer dans l’entreprenariat ?

« Time is money ». Une des plus grandes ressources qu’on peut espérer posséder lorsqu’on se lance dans l’entreprenariat c’est le temps ! Au début, lorsque nous avions commencé l’aventure Drive4Less nous n’avions pas de fonds mais par contre nous avions énormément de temps. Si l’on sait utiliser ce temps à bon escient, ce dernier peut s’avérer autant efficace et bénéfique qu’une grosse somme d’argent.

Pour finir, je dirais que si l’on souhaite tenter l’aventure de l’entreprenariat, il ne faut pas avoir peur des barrières que l’on peut rencontrer sur son chemin. Cherchez le contact, cherchez les bonnes personnes pour vous encadrer et ne restez pas seul. Communiquez !

 

»Drive4Less » Rédiger son Business plan

 

 

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